Actualités (2017-2024)

Les chemins de l'émancipation ? Les femmes dans les mondes ruraux aux XIXe et XXe siècles

Les chemins de l'émancipation ? Les femmes dans les mondes ruraux aux XIXe et XXe siècles

Date limite de dépôt : 15 mars 2024 - Appel à communication

Résumé

Ce colloque souhaite aborder une thématique peu présente dans les travaux des historiens et historiennes : les situations et expériences des femmes dans les mondes ruraux en France à l’époque contemporaine (XIXe-XXe siècles). Il s’agit de nourrir de façon plus soutenue le dialogue entre histoire rurale et histoire des femmes et du genre, d’éclairer de façon renouvelée la place des femmes dans les campagnes, sans les réduire à leur rôle à la ferme. Nous suivrons plusieurs pistes : l’histoire du travail féminin dans sa diversité (âge, occupations, origines géographiques), l’histoire des vies domestiques et « privées » et des sociabilités au village, sans oublier la question des engagements et des vecteurs de politisation au féminin (activités syndicales, associations), ou encore l’histoire des représentations des figures féminines (la « paysanne », la « matrone », la « domestique de ferme »). Si le colloque s’adresse en priorité aux historiens et aux historiennes, il est ouvert aux autres sciences sociales.

Cadrage

Dans l’introduction du tome 4 de l’Histoire des femmes en Occident, consacré au XIXe siècle et paru en 1991, Georges Duby et Michelle Perrot rappellent que la « modernité est une chance pour les femmes1 ». Voilà pourquoi, expliquent-ils plus loin, les mondes ruraux et leurs populations sont exclus de leur étude, parce que c’est le changement qui « rend pertinent une histoire des femmes, là où elles se révèlent non comme des figurantes, mais comme des actrices de l’histoire2 ». Le constat se situe à l’intersection de deux courants historiographiques, l’un marxiste, l’autre féministe, qui font de l’émancipation des femmes le fil conducteur de leur histoire contemporaine3. Or, pour ces deux écoles, les campagnes des XIXe et XXe siècles ne forment pas un univers propice à l’affranchissement de la domination masculine. Dans la conception marxiste, en effet, la civilisation urbaine et industrielle crée les conditions de l’amélioration de la condition féminine ; tandis que dans une perspective féministe, « l’image de la femme rurale n’est pas celle de la militante4 ». Ainsi jusqu’au milieu du XXe siècle, au moins, les femmes villageoises sont présentées comme les prisonnières d’une société patriarcale tout aussi immuable qu’implacable, incarnée par les figures du père, du mari et du curé. Dès lors, les mondes ruraux apparaissent sous cet angle comme le conservatoire de tous les archaïsmes par opposition aux villes qui constitueraient le foyer du progrès. Selon ces mêmes points de vue, l’exode rural, qui vide peu à peu les campagnes françaises de ses habitants à compter des années 1870, serait un facteur essentiel d’émancipation dans l’histoire contemporaine des femmes. L’analyse prend en tout cas le contre-pied du discours agrarien qui prévaut entre le dernier tiers du XIXe siècle et la seconde moitié du XXe siècle qui fait de la ville un lieu de dépravation et de déclassement pour les jeunes émigrées rurales. Les femmes sont encore accusées par les responsables politiques et syndicaux de l’époque d’avoir « lâché pied les premières et donné le signal de l’exode », ainsi que l’écrit Jules Méline en 19195. Dans le Bal des célibataires, Pierre Bourdieu ne les contredit pas en désignant les femmes comme le « cheval de Troie du monde urbain6 », et en attribuant à l’émigration rurale féminine un rôle décisif dans le déclin de la condition paysanne à partir des années 1960.
Ainsi la fuite des femmes rurales aurait été l’un des facteurs d’accélération de la « fin des paysans », dépeinte prématurément par le sociologue Henri Mendras7, à l’heure où la révolution productiviste marque la transition de la ferme à l’entreprise agricole8. Ce passage d’un système agricole à un autre, jugé plus « moderne », renvoie à la lente et laborieuse reconnaissance de l’agricultrice comme cheffe d’exploitation. L’ouvrière agricole, considérée comme « salariée » après 1918, jouit plus rapidement d’un statut individuel, même s’il n’efface pas pour autant les inégalités de genre (rémunération moins élevée que celle des hommes, « volatilité » de l’emploi féminin, etc.)9.
Au XIXe siècle et durant les deux premiers tiers du XXe siècle, le travail des paysannes n’est pas reconnu officiellement en raison de l’assimilation juridique de la ferme au ménage. Le fonctionnement de la petite exploitation rurale, qui s’affermit peu à peu au XIXe siècle, se fonde alors sur une division sexuée et genrée des tâches10. Les élites de cette époque considèrent, à tort, que le travail effectué par l’épouse en dehors des tâches domestiques ne forme qu’un « complément ». Notons que la Révolution de 1789, suivie de la promulgation du Code civil, entraîne un durcissement du discours dominant sur les rôles de genre qui pèse sur les représentations extérieures de la « paysanne ». Toutefois, l’idéal type de la répartition genrée des tâches connaît un premier bouleversement avec la Première Guerre mondiale. Les épouses sont amenées à diriger l’exploitation agri- cole en l’absence de leurs maris partis au front ou tués sur les champs de bataille. Mais est-ce alors vraiment « l’heure des femmes », comme l’écrivent les auteurs du dernier tome de l’Histoire de la France rurale11 en 1977 ? Certes, le statut social des exploitantes évolue quelque peu au sein de la famille dès l’après-guerre, mais le discours sur le rôle maternel et procréateur des femmes est revi- vifié dans une France endeuillée et saisie par une véritable « obsession populationniste12 ». D’autre part, les dirigeants craignent que l’inflexion des rôles de genre lié à la guerre et son hécatombe ne favorise la pénétration du féminisme dans les campagnes. L’enseignement agricole féminin, créé par les républicains vers la fin du XIXe siècle dans le but de soustraire les femmes à l’emprise de l’Église catholique, se voit attribuer une double fonction sociale après 1918 : la lutte contre l’exode rural et la dénatalité d’une part, la formation de la « bonne » ménagère agricole d’autre part. La fondation de la Jeunesse agricole catholique féminine en 1933, l’élargissement du droit de vote aux femmes en 1944, ainsi que les événements de mai 1968 ; tous ces éléments font que celles qui ne sont pas encore reconnues comme exploitantes à part entière refusent de plus en plus d’être reléguées au rang de collaboratrices silencieuses de leurs maris. En 1980, l’instauration du statut de « co-exploitante » autorise les épouses à prendre part à la gestion administrative de l’exploitation. La création du statut d’exploitation agricole à responsabilité limitée (EARL) en 1985 complète la réforme précédente en opérant une répartition égale du pouvoir décisionnaire entre les deux conjoints. La sociologue Rose-Marie Lagrave constate que les agricultrices acquièrent leur identité « au nom des vertus familiales, mais sont intégrées au champ politique qui jusqu’alors les ignorait13 ». Si elles ont désormais une identité professionnelle, les agricultrices restent dépourvues de droits personnels. En créant le statut de « conjoint collaborateur », la loi d’orientation agricole de 1999 leur ouvre des droits à la retraite 44 ans après les hommes. Toutefois, le législateur ne reconnaît pas l’agricultrice indépendamment de sa situation familiale, sa cotisation étant à la charge du chef d’exploitation14. La véritable rupture sur le plan politique n’intervient qu’au début du XXIe siècle. La loi de moderni- sation de l’agriculture du 27 juillet 2010, qui autorise la constitution d’un groupement agricole d’ex- ploitation commun (GAEC) entre époux, dissocie enfin la famille de la ferme. La loi stipule en effet que les « femmes changent de statut et de rôle : elles abandonnent la place de conjointe parti- cipant aux travaux pour devenir chef d’exploitation ; elles constituent des sociétés avec leur mari ». Cette évolution statutaire ne doit pas occulter la pesanteur des rapports de genre hérités des XIXe et XXe siècles (division sexuelle des tâches, travail domestique peu partagé, persistance des représenta- tions sexuées, etc.)15. Cependant, la France ne compte plus que 320 000 travailleuses de la terre en 1996 (3 % de la population active), contre 2,5 millions en 1931 (12 % de la population active), 3,3 millions en 1891 (20 % de la population active) ou 5,7 millions en 1851 (36 % de la population active).
À la fin du XXe siècle, agricultrices et salariées agricoles ne représentent donc plus qu’une minorité dans la population rurale féminine. La décorrélation de plus en plus nette, surtout à compter des années 1970, entre le travail agricole et le simple fait de vivre à la campagne, soulève de nouvelles problématiques16. La frontière entre ces deux dimensions est beaucoup plus floue au XIXe siècle, quand le fonctionnement économique des exploitations agricoles se fonde sur la pluriactivité. Existe-t-il dès lors des spécificités chez les travailleuses de la terre en comparaison des femmes qui vivent en milieu rural en occupant un emploi dans un autre secteur ou bien sont retraitées ? Quels sont les éléments qui rapprochent et surtout différencient ces femmes de celles qui habitent en ville ? Quel jugement portent-elles sur la société rurale dans laquelle elles vivent parfois depuis toujours ? Les corps féminisés de la fonction publique entretiennent ainsi des rapports singuliers avec le reste de la population rurale féminine, comme les institutrices villageoises ou les sages-femmes (ou « accoucheuses ») au XIXe siècle. « Fer de lance d’une naissance sûre » dans les campagnes, ces dernières sont soupçonnées par les autorités de prêter la main à l’avortement, l’infanticide ou encore l’abandon d’enfants17. La figure de la sage-femme se situe à l’intersection des préoccupations de santé publique, nées de la Révolution française, et des tracas du privé et de l’intime.
L’interpénétration croissante entre les espaces urbains et ruraux — la « rurbanisation » des années 1970-1990 — brouille quelque peu la définition de la ruralité. Les femmes rurales de cette époque-là, cachées par les agricultrices et par les habitantes des zones périurbaines, commencent à peine à attirer l’attention des chercheurs et des chercheuses. Dans Les filles du coin, enquête sur la jeunesse rurale féminine d’origine populaire au XXIe siècle, la sociologue Yaëlle Amsellem-Mainguy en conclut que la mobilité est un enjeu qui se situe au cœur des préoccupations des personnes interrogées18. La mobilité a d’abord une vocation professionnelle, car l’offre d’emploi est plutôt limitée dans les territoires ruraux. Il semble alors que la recherche d’un métier soit moins guidée par une volonté d’ascension sociale que par le désir de « servir, être utile, s’occuper des autres19 ». Cela permet aussi à ces filles d’échapper au contrôle social exercé par les familles sur leur comportement qui reste un gage de respectabilité. Partir serait-il, encore au début du XXIe siècle, la condition essentielle d’une forme d’émancipation des femmes rurales ?


Objectifs et état de l’art

Ce colloque vise à (ré) interroger, pour le XIXe et le XXe siècle, les grandes dynamiques et les récits de l’histoire des femmes rurales. Il s’agit de nourrir de façon plus soutenue le dialogue entre histoire rurale et histoire des femmes et du genre, comme l’ont fait par exemple les organisateurs des Journées internationales d’histoire de Flaran, les 11 et 12 octobre 2019, pour la période médiévale et moderne20. Un bref coup d’œil dans deux revues de référence, Clio et Études rurales, permet de se rendre compte de la nécessité de ce dialogue. Si la revue Clio a consacré plus de trente ans de travaux à l’histoire des femmes et du genre, aucun numéro thématique n’est dédié aux femmes de la campagne ; l’index des mots clefs ne mentionne ni le mot « campagne » ni le mot « rural ». Le mot « paysanne » ne remporte pas plus de succès. Du côté de la revue Études rurales, l’index et les mots « femmes » et « féminisme » renvoient à une dizaine d’articles tout au plus. Le sujet apparaît à l’heure actuelle bien plus couvert en sociologie qu’en histoire, grâce notamment aux études pionnières d’Alice Barthez et de Rose-Marie Lagrave, effectuées dans les années 198021. En 2005, l’historienne Jacqueline Sainclivier impute le manque de travaux historiques français sur les agricultrices « en partie à cause de l’accès aux sources et d’une longue frilosité sur le temps présent. De ce fait, explique-t-elle, ce sont les sociologues qui pallient l’absence des historiens22 ». Les rares thèses d’histoire rurale centrées sur les femmes aux XIXe et XXe siècles23, parues durant les années 2010, sont loin d’avoir épuisé leur objet. Ce qui apparaît comme un vide historiographique semble d’au- tant plus criant que nombreux et anciens sont les travaux étrangers à s’être appropriés cette double thématique comme objet d’étude, et ce d’un point de vue général24, sous le rapport de leur engage- ment politique25, du point de vue du travail féminin26, d’un vécu spécifiquement féminin27, ou qui engloberaient plusieurs de ces thèmes28. Le principal objectif des organisateurs et des organisatrices du colloque consiste à encourager les travaux sur ces thématiques tout en essayant de dresser un bilan des recherches menées au cours des dernières décennies. Les propositions de communication pourront s’inscrire dans les axes ci-dessous.


Présentation des axes

I. Les femmes au travail dans les mondes ruraux

Les communications sont invitées à s’intéresser à la variété des expériences du travail dans les mondes ruraux, sans cesse réduites à la paysanne : filles de ferme et autres domestiques, nourrices, petits métiers et artisanats, etc. Les travaux sur les paysannes sont évidemment bienvenus, en particulier ceux qui seraient sensibles aux prises de responsabilité féminines et à leur variation selon les branches agricoles (céréaliculture, viticulture, élevage…). Cette entrée par le travail invite également à intégrer la question des femmes travailleuses étrangères, par exemple les employées agricoles polonaises du début du XXe siècle. Cela doit conduire à interroger la visibilité et l’invisibilité du travail des femmes : la figure de la glaneuse, immortalisée par le célèbre tableau intitulé Les Glaneuses (1857), masque toute une variété de situations : le travail des petites et très jeunes filles ou encore le travail des paysannes-ouvrières et ouvrières paysannes dans l’industrie rurale qui fait long feu. L’expansion du secteur de l’agroalimentaire entraîne une présence accrue des femmes de la campagne dans l’industrie bretonne à partir des années 197029. Beaucoup sont des filles d’exploitants agricoles sans formation professionnelle au moment de leur entrée à l’usine. Pour réfléchir au travail féminin dans les mondes ruraux, il est aussi nécessaire d’aborder la formation, les apprentissages, les transmissions de compétences et d’usages, que ce soit dans la famille ou à l’école et dans les premières formations spécialisées (écoles ménagères). Les propositions qui touchent à l’histoire des sciences et des techniques sont bienvenues, en particulier toutes celles qui concernent les usages professionnels des femmes ou encore les adaptations liées à leurs nouvelles occupations (nous songeons au tracteur de la veuve de guerre décrite par Grenadou30). La mécanisation du travail agricole pendant la « révolution silencieuse » éloigne alors les femmes du travail agricole. En réaction, nombre d’entre elles rejettent l’idéologie productiviste et, à compter des années 1970, sont pionnières dans le développement de formes alternatives d’agriculture paysanne.

II. Des vies « privées » féminines au village

Un deuxième ensemble thématique concerne la « vie privée » des femmes et ses conditions de possibilité dans les sociétés villageoises des XIXe et XXe siècles. Si les historiens et historiennes ont identifié une dynamique de « privatisation » des sociétés européennes, celle-ci a plutôt été décrite dans les mondes urbains et bourgeois31. Qu’est-ce que la vie privée des femmes à la campagne ? Pouvons-nous parler d’un contrôle social plus étroit ? Trois typologies peuvent être dégagées afin de définir une grille de lecture qui en facilite l’analyse : l’intimité, la conjugalité et la vie domestique. Les frontières entre ces trois champs sont poreuses et ambivalentes, en particulier dans les sociétés rurales. La sphère de l’intime renvoie à toutes les questions liées aux corps (hygiène, grossesse, maladies, vêtement, etc.) et à la sexualité depuis le berceau jusqu’au tombeau. Par exemple, au XIXe siècle, tout un courant hygiéniste souhaite moraliser les comportements individuels pour préserver la santé publique en atténuant les fatigues corporelles32. Le travail agricole est jugé sain, mais éreintant. Dans son Manuel rustique des dames (1844-1845), Cora Millet-Robinet conseille aux fermières de faire de la gymnastique au quotidien pour conserver un corps robuste. Ces exercices « augmentent les forces et le courage ; ils développent la grâce et les belles formes en même temps qu’ils sont très salutaires à la santé33 ». Le domaine conjugal a trait aussi bien au mariage qu’aux relations entre la femme et son époux. Sur ce plan-là, nous pourrons réfléchir à la façon dont la terre pèse dans les choix d’arrangements de mariage dans les familles paysannes. L’absence de conjugalité renvoie au contraire au célibat féminin (voulu ou non), ou encore à l’expérience de l’ho- mosexualité, vécue bien différemment à la campagne qu’en ville lors des dernières décennies du XXe siècle. La vie domestique rurale se cantonne alors principalement au foyer familial. Quelles conséquences les évolutions de l’équipement ménager produisent-elles sur le quotidien matériel des femmes de la campagne ? Les années 1970 paraissent constituer une véritable rupture au regard de la période précédente en ce qui concerne la structure de la consommation rurale. « Encore présentes dans l’économie domestique des exploitations des années 1970, les productions secon- daires de la ferme ont souvent été réduites voire abandonnées au profit de l’économie marchande34 ». L’automobile permet d’aller faire ses achats au supermarché, situé parfois à des dizaines de kilomètres du domicile familial. Il en ressort entre autres que les femmes des zones rurales conduisent plus que leurs homologues masculins35.

III. Des sociabilités genrées

Les questions de non-mixité et de mixité, qui sont constitutives des sociabilités féminines tout au long des XIXe et XXe siècles, ne concernent pas uniquement les sociétés rurales. En revanche, elles paraissent calquées sur une autre temporalité et adoptent des formes différentes dans les campagnes, malgré l’introduction progressive de la mixité au sein du milieu scolaire dans les années 1960-1970. Le développement de lieux de sociabilité mixte (bars, salles de concert, disco- thèques) dans les territoires ruraux, au cours des trois dernières décennies du XXe siècle, multiplie encore les contacts entre les deux sexes. Pour autant, même lorsque l’entre-soi féminin prévaut en matière de sociabilités féminines, il existe déjà des moments propices à la mixité à l’occasion des nombreuses fêtes patronales, des pèlerinages, des foires, ou à partir de l’entre-deux-guerres, lors des rassemblements associatifs. Cette sociabilité mixte qui s’effectue dans un cadre public se prête beaucoup moins à l’intimité amoureuse ou aux jeux érotiques qu’à celle qui a lieu pendant les bals ou les veillées d’hiver36. Elle se déroule toutefois sous le contrôle des familles, du prêtre ou de la communauté villageoise. Les propositions de communication pourront soit porter sur ces épisodes de mixité, soit se focaliser sur le caractère genré des sociabilités féminines. Nous pouvons définir quatre couches de sociabilités, chacune d’elles reposant sur un enchevêtrement de rapports sociaux de natures différentes et se manifestant dans des situations très variables : l’échelle familiale et amicale, l’espace villageois (ou communautaire), la sphère professionnelle, le cadre associatif. En tout cas, cette sociabilité peut être spontanée et informelle. Rappelons-nous de la mère de Pierre- Jakez Hélias et d’autres « matrones » du village qui se réunissent au milieu de l’après-midi chez l’une d’entre elles, à l’insu du mari, médisant sur leurs prochaines autour d’une cafetière neuve37. La sociabilité féminine est pleinement visible dans des lieux publics devenus symboliques, attribués ou réservés à des activités féminines : la fontaine municipale, car l’eau reste l’affaire des femmes, le lavoir, les petits commerces du coin. Après la Seconde Guerre mondiale, la sociabilité féminine s’exprime de plus en plus à travers l’exercice de loisirs. Cependant, dans les communautés rurales et agricoles, la pratique d’un loisir est longtemps assimilée à de la paresse38. C’est en assumant leur rôle de mères de famille que des agricultrices contournent la pression sociale et parviennent à entretenir des rapports de sociabilité au sein d’associations. Ce dernier exemple montre bien les déterminismes relatifs au genre sur la sociabilité des femmes rurales jusqu’à la fin du XXe siècle. Yaëlle Amsellem-Mainguy observe à son tour que lors d’événements festifs, comme une soirée barbecue organisée après un match disputé par le club de football local, le travail d’animation et la distribution des repas reviennent exclusivement aux jeunes femmes et aux mères39.

IV. S’engager au féminin : répertoire d’action et politisation

L’engagement au féminin peut être individuel ou bien s’insérer dans un collectif. Pensons à Huguette Bastide, institutrice de village en Lozère dans les années 1960, qui se saisit de la plume pour alerter l’opinion publique sur l’exode rural et l’état désastreux de ses conditions d’enseigne - ment40. Les propositions de communication sont invitées à explorer les différentes formes de l’en- gagement féminin en milieu rural, dont le répertoire d’action évolue beaucoup entre le XIXe siècle et la fin du XXe siècle41. Avant 1939, les « traces » de cet engagement sont rares, mais elles existent surtout dans le cadre familial, religieux ou encore professionnel. Alors qu’elles ne sont pas encore citoyennes à part entière, les veuves d’exploitants agricoles, tout comme les paysannes qui ont dirigé la ferme en l’absence de leur père, leur frère ou leur mari au cours de la Première Guerre mondiale, deviennent électrices des Chambres d’agriculture départementales instituées en 1924. L’Occupation allemande du territoire métropolitain semble être un moment de transition entre la période précédente et la suivante, du fait notamment de l’engagement de femmes de la campagne dans la Résistance42. Les années 1950-1960 sont ainsi marquées par une participation accrue des femmes rurales dans les organisations syndicales et politiques. L’importance du mouvement jaciste dans la formation militante d’agricultrices mérite d’être rappelée, puisqu’elles deviennent ensuite les cadres du syndicalisme agricole féminin après 1960. Les ressorts de l’engagement féminin en campagne continuent néanmoins d’être majoritairement de nature familiale ou cléricale. Les années 1970-1980 marquent un tournant dans l’engagement des femmes des mondes ruraux, et plus particulièrement pour les agricultrices qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits profes- sionnels. Elles réclament un « rééquilibrage des compétences et des pouvoirs au sein du couple exploitant », tout en étant « contraintes par le cadrage normatif de la nécessaire coopération conju- gale, au nom de la conciliation entre vie professionnelle et vie privée43 ». Faut-il voir dans leurs revendications l’émergence d’un « féminisme paradoxal » ? Les communications peuvent également s’intéresser à l’engagement féminin dans la vie politique locale, qui s’accroît progressivement à partir des années 1970 (21 % de femmes dans les conseils municipaux des communes rurales en 1995, contre 6,8 % en 1977)44. Il s’avère cependant que l’engagement féminin dans les campagnes est moins élevé que celui dans les villes. L’augmentation du nombre de femmes élues maires de communes rurales pourrait résulter d’une déconsidération de la fonction par les hommes. En retour, ces maires « construisent leur légitimité autour des qualités et des compétences symbolique- ment associées au genre féminin (…). Elles ont une conception de leur rôle essentiellement tournée vers le dévouement et la sollicitude ». La ruralité est en effet synonyme de proximité.


V. Figures féminines des mondes ruraux et représentations

Ce dernier ensemble thématique concerne les nombreuses figures féminines des mondes ruraux (la « paysanne », la « servante de ferme », la « matrone », « la notable », etc.), et les représentations qui en sont faites dans les discours politiques, la littérature, la poésie, la peinture, la presse écrite, au théâtre, au cinéma, à la radio ou à la télévision. Les représentations artistiques à visées commerciales, ludiques, éducatives, voire politiques, façonnent les imaginaires collectifs des publics contemporains. Ces productions, qui dénoncent en filigrane des problèmes sociétaux, portent un regard lucide et tentent d’expliquer la société du temps au prisme de figures féminines. Dans son roman champêtre La Petite Fadette (1849), George Sand revient sur l’échec d’une « République des paysans » après la révolution de 1848, à travers la figure de la sorcière guérisseuse, en mettant en récit la naïveté des populations rurales. Nous retrouvons les mêmes procédés artistiques à la télévi - sion un siècle plus tard. La série intitulée Cécilia médecin de campagne (1966), diffusée en 13 épisodes sur la première chaîne de l’ORTF, l’illustre bien. L’histoire racontée est celle d’une jeune généraliste qui s’installe dans le village fictif de Tourlezane, univers très masculin, où elle est d’abord mal accueillie. Le fil conducteur de la série est la rivalité entre Cécilia Baudouin, qui incarne la moder - nité scientifique venue tout droit de la ville, et Augustin Tabouriech, le guérisseur du village. Au fil des épisodes, Cécilia convertit progressivement les villageois au progrès médical grâce à ses qualités « féminines » de bonté et de douceur. Les représentations sont aussi le fruit de nostalgies, de fantasmes ou de projections angélistes sur les mondes ruraux par des individus qui leur sont extérieurs. L’art pictural n’est pas en reste, avec la génération des peintres réalistes sous le Second Empire (Jean-Baptiste Corot, Gustave Courbet, Jean-François Millet…). Dans La Becquée (1860), Millet dresse le portrait idéalisé de l’exploitation de polyculture-élevage, qui repose sur l’harmonie familiale avec une complémentarité des rôles remplis par chaque sexe (l’homme travaille la terre, la femme nourrit les enfants). Les représentations médiatiques créent, reprennent et consolident des stéréotypes déjà en vogue. Par exemple, la série télévisée Sylvie aux trois ormes (1968), qui raconte l’histoire d’amour entre un cultivateur veuf, père de deux enfants, et une fille de la ville voisine, est surtout l’occasion de mettre en lumière la figure de la « patronne », mère du personnage principal, qui dirige sa maison et la ferme d’une main de fer, le tout sur fond de modernisation agricole. Les communications sont enfin invitées à appréhender ces productions en tant que sources historiques, en réfléchissant à la manière dont elles peuvent être utilisées dans l’étude des femmes des mondes ruraux aux XIXe et XXe siècles. Nous faisons alors référence aussi bien à la presse agricole qu’aux documentaires réalisés par le Service cinématographique du ministère de l’Agriculture, tels que le film Jeunes filles (1952), ou les 13 portraits de femmes rurales, réunis dans la série « La voix » (1967- 1976).


Comité d’organisation

  • Estelle Deléage (Université Caen-Normandie, CERREV)

  • Clémence Gadenne-Rosfelder (EHESS, CRH)

  • Anthony Hamon (Université Rennes 2, Tempora)

  • Fabien Knittel (Université de Franche-Comté, Centre Lucien Febvre) Corinne Marache (Université Bordeaux-Montaigne, CEMMC)

  • Caroline Muller (Université Rennes

Modalités de soumission et calendrier

Ce colloque est organisé en partenariat avec le Musée de Bretagne de Rennes. Il est d’abord ouvert à l’ensemble des chercheur·e·s en histoire, mais il s’adresse aussi aux autres sciences sociales. Une attention particulière sera accordée aux propositions qui s’inséreront dans les axes présentés ci-dessus. Elles pourront être faites en français ou en anglais. Une publication est envisagée à l’issue du colloque.


Les propositions de communication comporteront un titre, un résumé de 2000 caractères et un court CV. Nous vous remercions de bien vouloir adresser vos propositions à : colloque.femmes-campagnes@proton.me avant le 15 mars 2024.

 


Notes de bas de page


1. DUBY Georges et PERROT Michelle, « Écrire l’histoire des femmes », dans FRAISSE Geneviève et PERROT Michelle (dir.), Histoire des femmes en Occident, tome 4 Le XIXe siècle, Paris, Plon, 1991, p. 12.
2. Ibid., p. 13.
3. BARD Christine, EL AMRANI Frédérique et PAVARD Bibia, Histoire des femmes dans la France des XIXe et XXe siècles, Paris, Ellipses Édition, 2013, p. 4.
4. COCAUD Martine et SAINCLIVIER Jacqueline, « Femmes et engagement dans le monde rural (19e -20e siècles) : jalons pour une histoire », Ruralia. Sciences sociales et mondes ruraux contemporains, n° 21, 2007, p. 1.
5. MÉLINE Jules, Le salut par la terre et le programme économique de l’avenir, Paris, Hachette, 1919, p. 199.
6. BOURDIEU Pierre, Le Bal des célibataires. Crise de la société paysanne en Béarn, Paris, Seuil, 2002, p. 227.
7 MENDRAS Henri, La fin des paysans. Changements et innovations dans les sociétés rurales françaises, Paris, A. Colin, 1970.
8. LYAUTEY Margot, HUMBERT Léa et BONNEUIL Christophe (dir.), Histoire des modernisations agricoles au XXe siècle, Rennes, PUR, 2021.
9. ESCUDIER Jean-Louis, « L’emploi et la protection sociale dans l’agriculture au filtre des rapports de genre. Les salariées agricoles aux XIXe et XXe siècles », Travail et emploi, n° 149, 2017/1, p. 73-97.
10. SCHWEITZER Sylvie, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire du travail des femmes au XIXe et XXe siècles, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 134-137.
11. DUBY Georges et WALLON Armand (dir.), Histoire de la France rurale, tome 4 La fin de la France paysanne. De 1914 à nos jours, Paris, Seuil, rééd. 1977, p. 178-182.
12. FOUCHARD Dominique, Le poids de la guerre. Les poilus et leur famille après 1918, Rennes, PUR, 2013, p. 179-208.
13. LAGRAVE Rose-Marie, « Conclusion », dans LAGRAVE Rose-Marie (dir.), Celles de la terre. Agricultrices : l’invention politique d’un métier, Paris, EHESS, 1987, p. 235.
14. COMER Clémentine, « La conjointe collaboratrice : un recul statutaire ambigu », Pour, n° 212, 2011/5, p. 19-24.
15. RIEU Annie, « Agriculture et rapports sociaux de sexe. La “révolution silencieuse” des femmes en agriculture », Cahier du Genre, n° 37, 2004/2, p. 115-130.
16. NICOURT Christian, Être agriculteur aujourd’hui, Versailles, Éditions Quæ, 2013, p. 241-266.
17. SAGE PRANCHÈRE Nathalie, « L’appel à la sage-femme. La construction d’un agent de santé publique au XIXe siècle », Annales de démographie historique, n° 127, 2014/1, p. 182. Voir également FAUCONNIER-CHABALIER Martine, Des mères singulières. Les mères qui abandonnent leur enfant (1900-2020), Rennes, PUR, 2022.
18. AMSELLEM-MAINGUY Yaëlle, Les filles du coin. Vivre et grandir en milieu rural, Paris, Presses de Sciences Po, 2021, p. 249-253.
19. Ibid., p. 152.
20. « Le village à l’épreuve du genre dans l’Occident médiéval et moderne », 41e Journées internationales d’histoire de Flaran, organisées sous la responsabilité scientifique d’Emmanuelle Charpentier et de Didier Lett à l’abbaye d’Arthous, Hastingues (Landes).
21. BARTHEZ Alice, Famille, travail et agriculture, Paris, Économica, 1982, et LAGRAVE Rose-Marie (dir.), « Bilan critique des recherches sur les agricultrices en France », Études rurales, n° 92, 1983, p. 9-40.
22. SAINCLIVIER Jacqueline, « Une histoire des agricultrices aux XIXe et XXe siècles est-elle possible en France ? Acquis et perspectives », dans VIVIER Nadine (dir.), Ruralité française et britanniques, XIIIe-XXe siècles. Approches comparées, Rennes, PUR, 2005, p. 117-118.2007/3, p. 151.
23. PELLETIER Jérôme, La place des femmes dans la modernisation de l’agriculture en Loir-et-Cher de la Libération au début des années 1980, thèse de doctorat sous la direction de Michel Lescure, université Paris-X, 2010, ESCUDIER Jean- Louis, Les femmes et la vigne. Une histoire économique et sociale (1850-2010), Toulouse, PUM, 2016, EL AMRANI Frédérique, Filles de la terre : apprentissage au féminin (Anjou, 1920-1950), Rennes, PUR, 2019.
24. AMBROSA Linda M., DEVINE Jenny Barker et WHAYNE Jeannie, « Revisiting Rural Women's History », Agricultural History, 2015, n° 89, 2015/3, p. 380-387, CABANA Anna, JOHNSON Colin R., FRENCH Henry et VAN MOLLE Leen, « Gender and Rural History : A Roundtable », Historia Agraria Revista de agricultura e historia rural, n° 85, 2021, p. 7-36, et DALLOW Robyn, « The Role of Women in Agriculture and Rural Settings », Australian Journal of Rural Health, n° 1, 1992/1, p. 3-10.
25. BARKER Devine Jenny, « Our cherished ideals » : rural women, activism, and identity in the Midwest, 1950-1990, Doctor of Philosophy, Iowa State University, Digital Repository, Ames, 2008, KECHNIE Margaret, Organizing Rural Women : The Federated Women's Institutes of Ontario, 1897-1919, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2003, et BLACK Naomi et GAIL Cuthbert Brandt, Feminist Politics on the Farm. Rural Catholic Women in Southern Quebec and Southwestern France, Montréal, McGill-Queen's University Press, 1999.
26. DERMINEUR Elise M., « Single Women and the Rural Credit Market in Eighteenth-Century France », Journal of Social History, n° 48, 2014/1, p. 175-199, VERDON Nicola, Rural women workers in nineteenth-century England : gender, work and wages, Woodbridge, 2002, et SOMMESTAD Lena, « Rethinking Gender and Work : Rural Women in the Western World », Gender & History, n° 7, 1995/1, p. 100-105.
27. OSTERUD Nancy Grey et JONES Lu Ann, « “'If I Must Say So Myself ” : Oral Histories of Rural Women », The Oral History Review, n° 17, 1989/2, p. 1-23, et ROWLING Jane, « Changing roles, new self-perceptions : rural women in Lower Wharfedale 1914-1951 », Oral History, n° 42, 2014/1, p. 95-108.
28. WALKER Melissa et SHARPLESS M. Rebecca (eds), Work, family and faith : rural southern women in the twentieth century, Columbia, University of Missouri Press, 2006.
29. PROHEL Vincent, « Les femmes et l’usine en Bretagne dans les années 1968 : une approche transversale au fil de trois situations d’usine (1968-1974) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest : « Travail, femmes et genre », n° 114,
30. PRÉVOST Alain, Grenadou, paysan français, Paris, Seuil, 1966.
31. DUBY Georges, ARIÈS Philippe et PERROT Michelle (dir.), Histoire de la vie privée, tome 4 De la Révolution à la Grande Guerre, Paris, Seuil, 1987, et GÉRARD Vincent (dir.), Histoire de la vie privée, tome 5 De la Première Guerre mondiale à nos jours, Paris, Seuil, 1999.
32. SEIGNAN Gérard, « L’hygiène sociale au XIXe siècle : une physiologie morale », Discours, n° 40, 2010, p. 113-130.
33. MILLET-ROBINET Cora, Manuel rustique des dames, Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, tome 2, rééd. 1880, p. 31.
34. LAFERTÉ Gilles, « L’impossible sociologie de la consommation dans les études rurales françaises », Les études sociales, n° 169, 2019/1, p. 131.
35. DEMOLI Yoann, « Les femmes prennent le volant. Diffusion du permis et usage de l’automobile auprès des femmes au cours du XXe siècle », Travail, genre et société, n° 32, 2014/2, p. 129.
36. FARCY Jean-Claude, « Jeunesses rurales dans la France du XIXe siècle », Revue d’Histoire du XIXe siècle, n° 8, 1992, p. 24.
37. HÉLIAS Pierre-Jakez, Le Cheval d’orgueil, Paris, Plon, rééd. 2014, p. 448.
38. BODIGUEL Maryvonne, « La femme ambiguë, à l’écart ou au cœur du monde rural ? », Économie rurale, n° 134, 1979, p. 29-34.
39.  AMSELLEM-MAINGUY Yaëlle, Les filles du coin…, op. cit., p. 56.
40. BASTIDE Huguette, Institutrice de village, Paris, Mercure de France, 1970. Voir également DETREZ Christine et BASTIDE Karine, Nos mères. Huguette, Christiane et tant d’autres. Une histoire de l’émancipation féminine, Paris, La Découverte, 2020, p. 115-144.
41. COCAUD Martine et SAINCLIVIER Jacqueline, « Femmes et engagement dans le monde rural (19e -20e siècles)… », Ruralia..., art. cit., p. 1-20.
42. VERDET Anne, « Femmes des campagnes et Résistance : des rôles traditionnels transcendés », dans DOUZOU Laurent et YUSTA Mercedes (dir.), La Résistance à l’épreuve du genre. Hommes et femmes dans la Résistance antifasciste en Europe du Sud (1936-1949), Rennes, PUR, 2018, p. 207-217.
43. COMER Clémentine, « Luttes d’agricultrices ou d’épouses au travail ? Retour sur l’histoire d’un féminisme paradoxal (1970-2010) », Entreprise et histoire, n° 107, 2022/2, p. 111.
44. MARNEUR Victor, « Ces femmes maires de petites communes. Essai de typologie à partir de cas girondin », Études rurales, n° 204, 2019, p. 84-103.

Lexique racial et religions. Traduction des textes sacrés, encyclopédisme, textes normatifs contemporaines (XVIe-XXIe s.)

Lexique racial et religions. Traduction des textes sacrés, encyclopédisme, textes normatifs contemporaines (XVIe-XXIe s.)

Date limite de dépôt : 10 décembre 2023 - Appel à communication

Argumentaire

Journée d’études organisée par Farid Bouchiba (ReLRace), Vincent Vilmain (TEMOS) et Jean-Paul Zuñiga (CRH) dans le cadre du programme ANR ReLRace.

Cette journée d’études s’inscrit dans la continuité des précédentes journées organisées dans le cadre du programme ANR ReLRace.

 

À travers cette rencontre, il s’agira de rendre compte de l’irruption progressive du terme « race » et indirectement de la « pensée raciale » dans la sphère religieuse. Plusieurs axes sont ainsi proposés.


Le premier axe consiste à travailler sur les traductions en langues vernaculaires de la Bible et du Coran. Afin de scruter précisément les phénomènes de translation, un travail lexicologique et philologique pourra être effectué à travers un corpus numérisé de traductions de la Bible et du Coran étalé du XVIe au XXIe siècle, et pris dans plusieurs milieux (catholique, protestant, juif, musulman) et plusieurs langues (espagnol, portugais, anglais, allemand, français, italien, arabe). Concernant l’islam, on pourra également élargir le champ des sources aux ḥadīth-s (« traditions prophétiques ») et à leurs commentaires (shurūḥ) et gloses (ḥawāshin). L’objectif sera de mesurer l’arrivée du terme « race » dans les différentes traductions et d’identifier non seulement les termes (hébreux, grecs, latins et arabes) qu’il est censé traduire, mais aussi ceux qu’il remplace au fil du temps et, éventuellement, ceux par lequel il est ensuite lui-même supplanté.

 

Le second axe consiste en une étude des encyclopédies d’obédience religieuse les plus importantes produites de la fin du XVIIe au XXIe siècle dans différents pays. Une liste précise des notices et des termes (race, lignage, générations, sang, semence…) devra être recherchée et analysée afin de révéler la particularité du fonctionnement sémantique de ces mots d’un point de vue synchronique et diachronique. On s’interrogera également sur le type de corrélations existantes entre les différentes entrées répertoriées dans ces encyclopédies et les images et exemples les illustrant. Quelle est leur provenance ? Quel est le statut de ces illustrations ? Les notions de plagiat, d’emprunt et de synthèse seront également examinées afin de mieux saisir les modalités d’écriture et les formes d’intertextualité dans le champ du religieux concernant la question de la thématique raciale. On s’interrogera aussi sur la diffusion et les rééditions de ces encyclopédies : Quel est leur lectorat ? Qui participe à l’écriture de ces encyclopédies ? Afin de guider les analyses, il conviendra de prendre en considération les contextes particuliers de rédaction. Dans une perspective comparatiste, la mise en parallèle d’encyclopédies et de dictionnaires issus d’aires linguistiques et géographiques différentes pourrait s’avérer heuristiquement féconde. La relation à la langue conduit-elle nécessairement à une approche différente en termes de classement et de définition ? Quelle est l’influence de l’évolution des connaissances scientifiques sur ces encyclopédies ? On s’efforcera de mettre en relief la construction et la transmission des représentations raciales au travers de ces ouvrages.

 

Enfin, le troisième axe de cette journée vise à analyser l’imprégnation du vocabulaire et des thématiques de la « race » dans les textes révélés fondant de nouvelles religions du XIXe au XXIe siècle. Les propositions portant sur le livre de Mormon, les écrits rastafariens, ceux de la Nation of Islam ou d’autres « Black Cults » seront particulièrement bienvenus. Outre les productions des nouvelles religions, les travaux autour de cette thématique s’appuieront également sur une analyse des textes normatifs religieux issus des religions plus anciennes à l’âge de l’acmé de la race (1840-1940) – à titre d’exemple, les recommandations aux missionnaires ainsi que les actes de leurs congrès afin d’étudier la présence des considérations raciales dans leur formation.

 

 

Modalités de soumission

Les propositions de communication assorties d’un court C.V. sont à envoyer à :
relrace[at]univ-lemans.fr
 fbouchiba[at]outlook.com et zuniga[at]ehess.fr pour le 10 décembre 2023 au plus tard. Elles ne devront pas excéder 500 mots.

Le colloque se tiendra les 18 et 19 mars 2024 à l'EHESS (Paris-Aubervilliers).

Dire et punir le « faux » : les polices du métier à l’époque moderne (XVe-XVIIIe siècle)

Dire et punir le « faux » : les polices du métier à l’époque moderne (XVe-XVIIIe siècle)

Date limite de dépôt : 2 février 2024 - Appel à communication

Argumentaire :

L’objectif de ce colloque est d’interroger les usages de la notion de faux, susceptibles de policer un métier ou une activité économique dans la ville moderne ou dans ses marges. Il s’agit, en d’autres termes, de questionner l’existence d’un ou de plusieurs modèles de bonne police par l’administration du « faux ».

Notre démarche se situe dans la lignée des travaux qui, depuis une quinzaine d’années, revisitent les pratiques économiques des hommes et femmes d’Ancien Régime à l’aune de leur inscription dans des régimes de pouvoirs ou d’appartenances, y compris en prenant en compte la contestation ordinaire de ces régimes par les acteurs eux-mêmes. L’attention portée aux possibilités de négociation interpersonnelle qui entourent l’exercice de telle ou telle activité économique (fabrication, vente, services, accès au crédit) a mis l’accent sur les savoirs pratiques, ou les capacités d’expertise des agents. Il n’en reste pas moins que ces capacités, individuelles ou collectives, dans la mesure où elles impliquaient une dimension sociale et politique, n’étaient pas sans limite.

Qualifier, juger et punir le « faux », qu’il soit repéré à tort ou à raison dans un produit, un service ou dans le statut juridique d’une personne, est l’une des expressions récurrentes de ces limites. Formulée de manière individuelle ou communautaire, s’appuyant sur les usages ou le droit positif, l’accusation dénonce alors une adversité à ce qui a été érigé en règle. Le « faux », comme contrefaçon ou usurpation, peut alors aussi bien qualifier la qualité du produit que la qualité de celles ou ceux qui le confectionnent ou en font commerce. Dire le « faux », c’est affirmer une expertise, mais aussi rappeler et défendre une autorité, y compris et peut-être surtout dans un contexte de juridictions multiples, voire de pluralité des normes. Ceci posé, l’accusation repose-t-elle avant tout sur des dimensions juridiques, économiques, sociales, religieuses ? Dire le faux est-il un moyen de dégager un espace d’obéissance ou d’interdits, en quête d’une bonté des marchandises, des prix, des services au public, ou bien de défendre un statut réservé à quelques-un(e)s ? L’accusation dessine-t-elle un périmètre d’exclusion, sert-elle un processus contraint d’inclusion, ou a-t-elle pour simple fonction la réaffirmation d’une règle préalable ?

L’appel à communication est ouvert à des travaux de première main portant sur tout le prisme des situations artisanales et commerciales, se situant à toute échelle d’utilisation de la notion de « faux », qu’il s’agisse de l’atelier, de la boutique, de la profession, de la ville ou du territoire. Les propositions de communication peuvent s’attacher à des usages aussi bien ponctuels que récurrents de cette notion. Elles peuvent interroger les éléments constitutifs du métier incorporé, masculin, féminin, mixte, jusqu’aux univers autrement régulés auxquels appartient largement le travail féminin. La ville étant le cadre choisi pour mener une étude comparative, l’appel à communication privilégiera des travaux portant sur des réalités sinon directement urbaines, du moins incluses dans un processus d’urbanisation.

 

Les propositions pourront interroger en particulier :

-       La nature des acteurs que qualifie la notion de « faux », aussi bien que celle des acteurs qui l’utilisent : « faux ouvriers », « juges incompétents », individus corporés ou non corporés, gradués ou non gradués d’une part, organisations de métier, instances municipales ou supra-locales variées, de l’autre.

-       La matérialité des objets et outillages, qu’il s’agisse des procédés de visite et d’expertise dans les ateliers ou manufactures, d’examen des produits sur les marchés, les foires et les douanes, y compris dans un contexte de renouvellement des techniques et d’ouverture de débouchés commerciaux.

-       La caractérisation des gestes et des autorisations qui lient les acteurs ou actrices aux marchandises : application d’une réglementation du travail, ou de plusieurs réglementations concurrentes, soumission à un barème fiscal, rituels d’inspection et d’enregistrement des individus, des marchandises, dans des lieux publics ou des habitats privés.

 

Les propositions, de 1500 signes environ, en français ou en anglais, peuvent être envoyées jusqu’au 2 février 2024 à l’adresse suivante : punirlefaux@gmail.com

Elles seront accompagnées d’un court CV.

 

Dire et punir le « faux » : les polices du métier à l’époque moderne (XVe -XVIIIe siècle). Colloque, 12-13 septembre 2024, Paris (Ehess et Université Paris-Ouest-Nanterre), organisé par  Vincent Demont, Université Paris-Ouest-Nanterre, Mathieu Marraud, Centre de recherches historiques (CNRS-EHESS), Solène Rivoal, INU Champollion d’Albi, (Université de Toulouse -UMR 5136 Framespa). 

 

 

Argument:

The aim of this conference is to examine the uses of the notion of ‘forgery’ in policing any given trade or economic activity in the early modern town and/or its peripheries. In other words, to question whether there existed one or more models of such suitable policing through the qualification of what was ‘fraud’.

Our approach inscribes itself in the scholarship that, over the last fifteen years, has revisited the economic practices of Ancien Régime men and women in terms of their inclusion in regimes of power or belonging, also by taking into account the actors themselves challenging these regimes. The focus placed on the possibilities of interpersonal negotiation surrounding the exercise of a given economic activity (manufacturing, retailing, services, access to credit) has shed light on the agents’ practical knowledge or expertise. The fact remains, however, that their skills, whether individual or collective, insofar as they inscribed themselves in social and political contexts, were not without limits. 

Qualifying, judging and punishing ’fraud’, whether rightly or wrongly singled out in a product, a service or a person's legal status, is one of the recurring expressions of such limits. Whether expressed individually or collectively, based on custom or positive law, such an accusation referred to any form of challenge to what had been established as the rule. "Forgery", as it constituted counterfeit or usurpation, could then be employed to qualify the quality of the product as well as the quality of those who manufactured or sold it. To state the ‘fraudulent’ character of a thing implied mobilizing an expertise, but also to recall and endorse an authority, including and perhaps especially in a context of existing competing jurisdictions, or standards. Having said that, is this accusation based primarily on legal, economic, social or religious dimensions? Is pointing at ’fraud’ a manner of making room for obedience or prohibitions, in search of the integrity of goods, prices and services to the public, or on the contrary a manner of circumscribing a status to the happy few? Does this accusation draw lines to exclude, serve to include by means of a constrained procedure, or merely reaffirm an existing rule?

This call for papers welcomes original research spanning the whole prism of craft and commercial situations, at all scales of use of the notion of ’forgery’ - be it in a workshop, a shop, a profession, a town or a territory. Proposals may focus on one-off or recurring uses of this notion. They may examine the constituting elements of the incorporated trade, whether male, female or mixed, right through to the otherwise regulated worlds to which female labour largely belongs. As the urban environment allows for the comparative approach, this call for papers will prioritize proposals focusing on spaces that are necessarily urban, or at least undergo a process of urbanisation.

 

In particular, proposals may address:

-       The nature of the actors qualified as "fraud", as well as that of the actors who mobilize the notion: "fraud workers", "incompetent judges", incorporated or non-incorporated individuals, graduates or non-graduates, on the one hand, trade organizations, various municipal or supra-local bodies, on the other.

-       The materiality of objects and tools, whether in terms of inspection and expertise in workshops or factories, or the examination of products at markets, fairs and customs, including in the context of the renewal of techniques and the opening of commercial outlets.

-       Characterizing the gestures and authorizations that relate actors to goods: implementation of  labour regulation, or of several competing regulations, submission to tax rubrics, rituals of inspection and registration of individuals and goods in public places or private homes.

 

Proposals shall be approximately 1,500 characters long, written in French or English, and are to be submitted by 2 February 2024 to the following address: punirlefaux@gmail.com.

A brief résumé shall be attached.

 

Exposing and punishing "forgery": the policing of professions in the early modern era (15th-18th centuries), September 12-13, 2024, Paris, Ehess-Université Paris-Ouest, organised by Vincent Demont, Université Paris-Ouest-Nanterre, Mathieu Marraud, Centre de recherches historiques (CNRS-EHESS), Solène Rivoal, INU Champollion d’Albi, (Université de Toulouse -UMR 5136 Framespa). 

Le droit hanéfite dans l’Empire moghol. Institutions, normes et pratiques islamiques en Inde (1650–1700)

Le droit hanéfite dans l’Empire moghol. Institutions, normes et pratiques islamiques en Inde (1650–1700)

Jeudi 14 décembre 2023 de 17h à 18h - Conférence du Collège de France

Présentation

Conférence de Naveen Kanalu Ramamurthy (Ladéhis), lauréat du prix du Collège de France pour les jeunes chercheuses et les jeunes chercheurs 2023

Tout comme l’Empire ottoman et des khanats d’Asie centrale, l’Empire moghol (1526-1857) – dernière grande puissance impériale ayant dominé le sous-continent indien avant le colonialisme britannique –, était régi par des institutions, normes et pratiques issues du droit hanéfite, une des quatre écoles juridiques de l’islam sunnite. Comment les normes élaborées par le droit savant des juristes hanéfites ont-elles façonné les institutions mogholes ? À partir d’archives multilingues en arabe, en persan et en langues vernaculaires indiennes, nous proposons un petit tour d’horizon des pratiques administratives et juridiques mogholes afin de montrer des relations de pouvoir asymétriques qui existaient entre les agents de l’autorité impériale et les sujets dans les sociétés composées de différentes castes, ethnicités et religions. Il s’agit d’appréhender la normativité juridique entre les normes provenant de la méthode casuistique des juristes et leurs usages par les chancelleries, les administrateurs et les juges à l’œuvre dans l’Empire moghol, l’un des régimes de pouvoir impérial les plus centralisés à l’époque moderne. Nous interrogeons les pratiques quotidiennes de l’application des règles pour saisir le savoir-faire professionnel du système juridique hanéfite qui s’est développé dans la région. Nous faisons ainsi dialoguer la culture juridique de l’Inde moghole avec l’histoire des empires en terre d’Islam.

Lire son entretien « La période de 1650 à 1720 est peut-être la plus controversée dans l'histoire de l'Inde ».

 

Lieu

Collège de France
Amphithéâtre Maurice Halbwachs
Place Marcelin Berthelot
75005 Paris

Autour de l'ouvrage d'Arnaud Orain, Les savoirs perdus de l'économie. Contribution à l'équilibre du vivant

Autour de l'ouvrage d'Arnaud Orain, Les savoirs perdus de l'économie. Contribution à l'équilibre du vivant

Lundi 4 décembre 2023 de 14h à 17h - Les Lundis du CRH

Présentation

L'économie politique devient une discipline autonome à la fin du XVIIIe siècle en France et en Angleterre. Elle se caractérise dès l'origine par une volonté, à l'instar des sciences exactes, de raisonner sur des abstractions et des grandeurs mesurables. Son triomphe occulte alors d'autres approches très différentes qui définissent l'économie comme la relation entre le milieu et les espèces : la « science du commerce » et la « physique oeconomique ».

La science du commerce rejette toute connaissance produite dans le cabinet du philosophe. Ce sont les praticiens possédant des savoirs vernaculaires qui sont les vrais savants : artisans, fermiers, marchands et grands négociants. Pour tirer le parti maximum d'un déterminisme naturel donné - un « climat », ce que nous appellerions aujourd'hui un écosystème ou un milieu -, elle accumule les observations sur la géographie, les sols, les forêts, les végétaux, les animaux, les infrastructures et la marine. Elle pose les questions économiques par une discussion ouverte et invite le public à co-construire un savoir qui n'est pas le fruit d'une « découverte » par une élite seule.

La « physique oeconomique » est une physique appliquée au monde naturel, lui-même pensé comme un organisme autorégulé à l'intérieur de chaque climat. Par la connaissance des propriétés des végétaux et des animaux autochtones et par l'acclimatation de plantes venues d'ailleurs, l'être humain transforme ses milieux pour mieux satisfaire ses besoins et vivre en harmonie avec les autres espèces.Il importe de ranimer ces économies alternatives à l'heure où la question du climat, du productivisme agricole, de l'épuisement des sols et de l'effondrement de nombreuses populations animales conduit à l'élaboration de nouveaux savoirs du vivant et de ses interdépendances.

Le débat sera animé par Raphaël Morera , en présence de l'auteur Arnaud Orain (CRH, GRHECO-GEHM), avec la participation de Catherine Larrère (Université Paris 1), Frédéric Graber (CNRS-EHESS) et Antoine Missemer (CIRED)

En savoir plus sur l'ouvrage

Pour s'inscrire : https://participations.ehess.fr/demandes/__nouvelle__?seminaire=350

 

Lieu

EHESS (Salle AS1_08)
54, boulevard Raspail
75006 Paris

La longue durée des discours sur la féodalité (XVe-XIXe siècles)

La longue durée des discours sur la féodalité (XVe-XIXe siècles)

4 et 5 décembre 2023 - Colloque international

Présentation

Ce colloque international, organisé par Élie Haddad (RHISOP) et Antoine Roullet (GEI) constitue le second volet d’une réflexion sur les usages intellectuels, politiques et historiographiques du monde « féodal » dans l’historiographie du XXe siècle. Il déplacera le regard en amont, en interrogeant les discours, les théories, les représentations qui ont été élaborés entre XVe et XIXe siècles sur ce qu’on appellera par la suite le  féodalisme » ou la « féodalité ». Antérieurement à l’émergence de l’histoire comme discipline académique, antérieurement aux développements marxistes ou positivistes sur la question, d’autres discours historiographiques ont été tenus que ce colloque entend démêler et expliciter pour mieux remettre en perspective les débats postérieurs et éclairer la stratigraphie et la généalogie des débats des historiens sur la question. Depuis les jurisconsultes des monarchies européennes à la fin du Moyen Âge jusqu’à l’émergence de la vision romantique et libérale de certains historiens du début du XIXe siècle, en passant par la réflexion sur les droits individuels, la répartition des pouvoirs ou l’économie politique au XVIIIe siècle, qui ont configuré différentes conceptions de la féodalité et de l’histoire médiévale, ce colloque cherchera à dégager les spécificités de ces discours dans différents espaces européens et à mieux comprendre comment ils ont travaillé les historiographies nationales au XXe siècle.

 

Programme

4 décembre

9h - Accueil

9h30 - Élie Haddad (CNRS/CRH) et Antoine Roullet (CNRS/CRH) : Introduction

10h -  Jan Zelenka (Institute of History of the Czech Academy of Sciences),
“iure feodali seu eciam emphyothetico”. The interplay between ius feudale and emphyteusis in early modern academic discourse

10h45 - Pause

11h  - Fanny Cosandey (EHESS/CRH)
Le domaine royal comme support au discours sur la féodalité, XVIe-XVIIIe siècles

11h45 - Suzana Simon (Croatian Academy of Sciences and Arts)
Two Ages of “Bastard Feudalism” on the Continent: Fact and Perception of Medieval Nobility in Hungary-Croatia (1400s-1800s)

12h30 - Déjeuner

14h - Luis Salas Almela (Universidad de Córdoba)
The quarrel for the tax revenues: the frontline in the aristocratic defense for their privileges. Some thoughts from the case-study of Castille (1500-1700)

14h45 - Ivo Cerman (Institute of History, University of South Bohemia)
Les réflexions sur l'origine du servage et sa justification en Bohême, XVIIe-XVIIIe siècles

15h45 - Stéphane Jettot (CRM/Sorbonne-Université), Émergence et usages de la notion de féodalité dans les îles britanniques (16e-19e siècles)

16h30 - Antoine Roullet (CNRS/CRH), Le féodalisme ibérique, un débat du XIXe siècle

 

5 décembre

9h15 - Blaise Dufal (The University of Sydney)
La fin de la féodalité et la protohistoire de la médiévistique au XVIIIe siècle

10h - Laure Verdon (TELEMMe/AMU)
« Ce singulier mélange de juridiction qui fut la conséquence de la féodalité ». Fief, féodalité et seigneurie en Provence médiévale à travers l'œuvre de Camille Arnaud (1798-1883)

10h45 - Pause

11h - Diego Carlo Améndolla Spínola (Facultad de Filosofía y Letras, Universidad Nacional Autónoma de México)
Between Law and Religion: The Concepts of Féodalité and Féodalisme at the Beginning of the French 19th Century, 1800-1815

11h45 - Annie Tindley (Newcastle University)
Feudalism as a dirty word? The Scottish Enlightenment, Agricultural and Industrial Revolutions and perceptions of the Scottish aristocracy, c. 1800-1920

12h30 - Déjeuner

14h-16h - Table ronde autour du projet Staff Exchange “Dominium”

 

Lieu

EHESS (Salle BS1-28)
54, Boulevard Raspail
75006 Paris

Atelier « Combattimento » de Claudio Monteverdi

Atelier « Combattimento » de Claudio Monteverdi

Date limite de dépôt : 22 décembre 2023 à minuit - Appel à candidature

Présentation

L’atelier Combattimento s’inscrit dans le cadre de l’élaboration de la thèse de Chiara Girlando  (CRH-AHLOMA, Université de Tours) et constitue un projet de recherche-création associant l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et la Fondation Royaumont. Il vise à explorer la dimension performative de l’opuscolo in genere rappresentativo de Claudio Monteverdi, Il combattimento di Tancredi e Clorinda, à partir d’une recherche inédite sur les lieux de sa première exécution, le contexte historique et, plus largement, les techniques d’interprétation musicale et dramatique italiennes du XVIIe siècle.

Connu comme l’une des œuvres les plus emblématiques du compositeur, le Combattimento appartient à un genre unique qui concentre en une vingtaine de minutes la summa de la recherche montéverdienne du juste milieu entre l’expression musicale et dramatique, entre voix chantée et voix parlée.

Le travail proposé dans le cadre de cet atelier se situera à la croisée des approches scientifiques et artistiques. Seront abordées ici les questions spécifiques du travail sur la voix, le langage gestuel, l’écoute, l’interprétation dramatique, le continuo, en lien étroit avec celles de la restitution du contexte historique et de la connaissance des lieux de création…

Les participants seront intégrés à une équipe composée de chercheurs et d’artistes, tous engagés dans un processus de création et de réflexion collective. Au-delà, l’atelier proposera un approfondissement des connaissances techniques et théoriques du répertoire ancien, tout en abordant des questionnements relevant de la recherche musicologique et historique.

L’encadrement artistique de cet atelier sera assuré par Fabio Biondi, l’une des figures majeures du renouveau baroque, assisté par Luca Quintavalle, claveciniste et pianofortiste. Il sera entouré d’une équipe de spécialistes issus de différents domaines des arts du spectacle, laquelle sera coordonnée par Chiara Girlando.

À l’occasion des quatre cents ans de la création du Combattimento dans le palais du patricien Girolamo Mocenigo à Venise en 1624, une première restitution sera proposée à l’issue de l’atelier le 17 avril 2024 à Royaumont.

En savoir plus

 

Encadrement

Direction artistique

Fabio Biondi violoniste et chef d’orchestre
Luca Quintavalle claveciniste et chef assistant de Fabio Biondi

Équipe artistique et scientifique

Étienne Anheim historien
Claudio Coloretti light designer
Chiara Girlando doctorante et coordinatrice du projet
Anne-Madeleine Goulet historienne de la musique et du spectacle
Karine Le Bail historienne de la musique et du son
Walter Le Moli metteur en scène
Gabriele Mayer costumier
Thomas Vernet musicologue
Orlando Vezzoli spécialiste d’escrime ancienne

 

Biographie des encadrants

Destinataires

  • 2 violons
  • 1 viole
  • 1 violoncelle
  • 1 contrebasse
  • 1 viole de gambe
  • 1 clavecin
  • 1 théorbe
  • 1 soprano
  • 1 ténor
  • 1 ténor ou baryton-ténor
  •  

Calendrier

Sessions

  • Du 12 au 17 avril 2024* à Royaumont.
    *chanteurs : début formation 12 avril – 6 jours, soit 42h
    *musiciens : début formation 13 avril – 5 jours, soit 35h

Présentation publique
Fenêtre sur cour(s) le 17 avril 2024 à 18h

Les participants s’engagent formellement à suivre l’intégralité du cursus.
Tous les programmes de formation de la Fondation Royaumont ont un délai d’accès à minima de 11 jours ouvrés.
Exemple : si la Fondation Royaumont valide la demande d’inscription le 14 juin 2024, elle peut proposer au bénéficiaire une formation qui commence le 29 juin 2024.

 

Sélection sur dossier et calendrier

Date de clôture des candidatures : Vendredi 22 décembre 2023 à minuit

Eléments à fournir
Pour le dossier de candidature et la sélection, vous devrez fournir les éléments suivants :

  • lettre de motivation
  • biographie (impératif : 600 signes espaces compris)
  • CV
  • photo
  • Pour les musiciens : un fichier vidéo en lien avec la formation choisie, soit une sonate de leur choix, de préférence du 17e siècle.
  • Pour les chanteurs : un fichier vidéo en lien avec la formation choisie, de préférence lié au répertoire monteverdien. (Attention, les liens WeTransfer ne seront pas téléchargés)
EHESS
CNRS

flux rss  Actualités

Hommage à Emmanuel Le Roy Ladurie

Hommage -Le Centre de recherches historiques a le plaisir de vous inviter à une séance en hommage à Emmanuel Le Roy Ladurie. Cette séance est organisée à l’occasion de la publication de la biographie de l’historien, Emmanuel Le Roy Ladurie. Une vie face à l'histoire, écrite par Stefan Lemny (BNF (...)(...)

Lire la suite

La longue durée des discours sur la féodalité (XVe-XIXe siècles)

Colloque - Lundi 4 décembre 2023 - 09:00PrésentationCe colloque international, oragnisé par Élie Haddad (RHISOP) et Antoine Roullet (GEI) constitue le second volet d’une réflexion sur les usages intellectuels, politiques et historiographiques du monde « féodal » dans l’historiographie du XXe siè (...)(...)

Lire la suite

Atelier « Combattimento » de Claudio Monteverdi

Appel à candidatures - Vendredi 22 décembre 2023 - 00:00L’atelier Combattimento s’inscrit dans le cadre de l’élaboration de la thèse de Chiara Girlando  (CRH-AHLOMA, Université de Tours) et constitue un projet de recherche-création associant l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et la F (...)(...)

Lire la suite

Plus d'actualités

CRH (UMR 8558)

EHESS
54, boulevard Raspail
75006 Paris
Tél. : +33 (0)1 49 54 24 42

Direction du CRH :

Raphaël Morera
Dinah Ribard

Dernière modification :
08/12/2023