Présentation

Dans le cadre de la préfiguration d’un Centre de documentation sur l’histoire de la culture populaire et de la banlieue dans la maison Raspail de Cachan, les deux expositions qui ont été réalisées par le Collectif Maison Raspail, en septembre 2022 et en septembre 2023 pour les Journées du patrimoine, seront exposées dans le Hall de l’EHESS, au 54 boulevard Raspail, du vendredi 19 janvier au vendredi 1er mars 2024.

La première exposition, « François-Vincent Raspail (1794-1878) : un rebelle dans l’histoire » a été réalisée sous le commissariat scientifique de Marcel Breillot, Virginie Descotte et Thomas Le Roux. La seconde, « Henry Poulaille (1896-1980) : l’engagement pour la culture populaire » a été réalisée sous le commissariat scientifique de Constance Barbaresco et Thomas Le Roux. Les deux expositions ont été maquettées par Hugo Chieze. Elles ont bénéficié du soutien du CRH, de la Ville de Cachan et des Ateliers du Val-de-Bièvre. Toutes deux sont conçues comme des jalons pour imaginer et réaliser un lieu hybride d’histoire, associant spécialistes et le grand public, dans une villégiature du XVIIIe siècle qui a été le dernier lieu de résidence de la famille Raspail, et qui accueille aujourd’hui le fonds de documentation et d’archives de l’écrivain Henry Poulaille. Le projet, qui en est à ses premiers pas, s’inscrit dans un partenariat entre l’EHESS, le Centre de Recherches Historique et la Ville de Cachan, et avec l’appui du Collectif maison Raspail, association locale qui ouvre régulièrement les portes de ce patrimoine trop méconnu.

Descritpion des expositions

François-Vincent Raspail (1794-1878) : un rebelle dans l’histoire

Avant de donner son nom à une station de métro et à un célèbre boulevard, François-Vincent Raspail (1794-1878) a été un homme politique rebelle. Chimiste puis médecin, il se lance dès 1832 dans la presse et l’édition scientifique. Cet autodidacte est très tôt lié à la mouvance républicaine qui agit dans la clandestinité sous la monarchie constitutionnelle (1814-1848). Mais quand la Seconde République est proclamée en 1848, il dénonce de nouvelles compromissions, ce qui lui vaut d’être emprisonné, comme il l’avait été plusieurs années sous la monarchie. Insoumis vis-à-vis des prescriptions académiques, Raspail se soucie des milieux populaires : il devient le « médecin des pauvres », les soignant gratuitement et publiant un Manuel de santé à la portée de toutes les bourses et de tous les savoirs. Exilé sous le Second Empire, il revient habiter en banlieue parisienne (Arcueil-Cachan) à la fin de sa vie, et termine sa carrière politique comme député iconoclaste de la IIIe République.

Henry Poulaille (1896-1980) : l’engagement pour la culture populaire

Henry Poulaille (1896-1980), chef de file de la littérature prolétarienne dans les années 1930, fait aujourd'hui l’objet d’un renouveau d’intérêt. Autour de ses archives, dont s’occupe actuellement le CRH, plusieurs actions scientifiques et culturelles permettent de redécouvrir l’itinéraire et l’héritage de ce fils d’ouvriers devenu éditeur et écrivain. Dès les années 1920, Poulaille écrit des romans et nouvelles sur son enfance, son expérience des métiers ouvriers et de la Première Guerre mondiale, et défend sa conception de la littérature prolétarienne dans ses écrits critiques et les revues qu’il fonde. Directeur du service de presse des éditions Grasset, il y fait publier Giono, Cendrars ou encore Ramuz. Il promeut aussi l’émancipation des classes populaires par la création d’un Musée du Soir, à la fois bibliothèque, lieu d’expositions et de débats. À la fin de sa vie, il s’installe à Cachan et lègue ses archives à la Ville afin de créer un centre dédié à la littérature d’expression sociale et populaire. Peu visibles, ces archives sont en cours d’inventaire et mettent en lumière l’autodidaxie de Poulaille et la diversité de sa pratique d’écriture.