2015 |
Juin 2015
Diversité et rabbinisation. Textes et sociétés dans le judaïsme entre 400 et 1000 de notre ère
24-26 juin - Colloque
Présentation
Pour le judaïsme de l’époque romaine, la pluralité des identités collectives juives est opinio communis depuis un certain temps déjà, et cela au delà de la division tripartite de Flavius Josèphe. Outre des pharisiens, saducéens, esséniens, samaritains et chrétiens, l’existence d’un grand nombre d’autres groupes est acquise et admise par tout le monde. Quant au Moyen Âge, la plupart des chercheurs présument en Occident l’existence d’un seul courant : le judaïsme rabbinique, et, en Orient, ils y ajoutent le judaïsme qaraïte, qui rejette l’autorité de la littérature talmudique et la liturgie rabbinique et revient aux sources bibliques comme la principale source des lois et coutumes. E pluribus unum ?
La vision d’un judaïsme rabbinique homogène établi en tant que «le» judaïsme pendant les premiers siècles de notre ère a été remise en question sous plusieurs aspects, sans qu’un seul paradigme nouveau ait pu la remplacer. Le colloque Diversité et rabbinisation: Textes et sociétés dans le judaïsme entre 400 et 1000 de notre èrese veut un forum pour la discussion et l’évaluation des thèses les plus récentes portant sur la possible diversité. Notre colloque a pour but de mieux éclairer cette période de transition en essayant d’articuler les différents corpus littéraires, leurs auteurs et leurs réalités socio-historiques afin d’arriver à une nouvelle synthèse du savoir.
La mise en question de l’homogénéité du judaïsme rabbinique et la mise en relief d’une diversité - pas seulement géographique- est d’une part le résultat des découvertes archéologiques (synagogues avec des mosaïques élaborées) et épigraphiques en Palestine et au-delà (inscriptions himyarites, bols magiques venant d’Iran) (Robin, Bohak). Quel rapport existe-t-il entre les rabbins du Talmud de Babylone et les bols magiques araméens juifs, qui viennent de la même région et dont certains évoquent des rabbins tandis que d’autres utilisent des formules chrétiennes ? Par contre, les rabbins mentionnés dans les inscriptions synagogales ne sont pas pour la plupart connus des textes rabbiniques et vice versa. Si l’on prend en compte que les mosaïques élaborées contredisent les prescriptions talmudiques, dans quelle mesure les rabbins des synagogues et les rabbins des textes sont-ils les mêmes (Irshai, Schwartz) ? Faut-il parler d’un «judaïsme synagogal» différent du judaïsme rabbinique (Costa) ?
L’épigraphie nous apprend aussi que langue et écriture hébraïque ne sont répandues au sein des communautés juives méditerranéennes hors Palestine qu’à partir du sixième ou septième siècle. Quel rapport donc entre les vestiges synagogaux, les épitaphes en grec et latin et les rabbins du Talmud? Quand et pourquoi est-ce que les communautés occidentales ont été rabbinisées ?
D’autre part, notre compréhension des textes classiques transmis par les scribes rabbiniques a été peaufinée par la découverte des tendances différentes et des tensions majeurs entre la littérature rabbinique classique et les corpus des piyyoutim (les hymnes liturgiques), des hekhalot (la littérature mystique), les différents targoumim et un nombre important d’autres œuvres (par ex. Jossipon, Toledot Yeshu, Pirqé de Rabbi Éliézer), dont les réalités sociohistoriques - tant que nous pouvons les reconstruire - ne correspondent que partiellement au monde esquissé par les textes rabbiniques et gaoniques. Fréquemment des courants sacerdotaux ont été évoqués en tant que concurrents de celui des rabbins (Alexander, Irshai, Swartz, Yahalom). Dans quelle mesure une partie de ces textes a-t-elle été «rabbinisée» a posteriori ?
De plus, l’hérésiologie mérite d’être re-examinée. Est-ce que les qaraïtes émergent des groupes sadducéens (Erder) ou est-ce qu’ils ne sont qu’une réaction anti-talmudique de l’époque médiévale ? Plusieurs chercheurs ont adopté la thèse de S. Pines selon laquelle des groupes judéo-chrétiens existaient encore après la naissance de l’islam (Gager, Stroumsa). Est-ce que le judaïsme qui a judaïsé les royaumes himyarite et khazar était talmudique ?
A ces chantiers complexes s’ajoutent les témoignages des sources non-juives grecques, latines, syriaques ou arabes. De quelle sorte de juifs parlent-ils ? Si les descriptions des textes non-juifs contredisent des éléments dans les textes traditionnels, est-ce que ces juifs étaient des juifs imaginaires ou est-ce que c’étaient des juifs non-rabbiniques ?
Programme
Lieu
Université Paris Sorbonne
Salle des Actes (mercredi 24 et jeudi 25 juin)
et Salle J636 (vendredi 26 juin)
1, rue Victor Cousin
75005 Paris
Document(s) à télécharger
Pour citer ce document
,URL : http://crh.ehess.fr/index.php?4592.
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25/04/2024